mercredi 19 juin 2013

Bilan du retour.

Ça y est, ça fait un peu plus d'un mois que je suis rentré, le temps file à une vitesse...
Le temps, notion tout à fait humaine, qui nous emprisonne et nous empoisonne...

Bref, ce n’était pas pour parler du temps que je reprenais le clavier, mais plutôt pour parler d'une chose qui me semble importante de raconter.

Le choc du retour.

A partir de la descente de l'avion.

Je m'en souviens comme si c’était hier. Le commandant de bord atterri les doigts dans le nez, roule sur le taxiway, positionne l'appareil face au terminal d’accès, nous prenons nos affaires et débarquons.
Déjà la météo nous accueillait avec de bons nuages bien gris. On file vers le contrôle de passeports.
L'accueil du fonctionnaire, blasé, faisant une tronche de 6 pieds de long, à l’extrême rigueur un "bonjour" et rien d'autre. Ok, ça donne l'ambiance du pays, à chier. On ne demande pas non plus le tapis rouge, mais un minimum de civilité, comme on en a eu notre arrivée outre-Atlantique et toute la durée du séjour.
Va falloir avoir des attentes vues à la baisse maintenant.
Welcome home !


Bon, le contrôle passé, on récupère nos bagages. Etant donné que nous étions prioritaires, il n'a pas fallu attendre 15 plombes pour les retrouver. Ça c’était plutôt cool :)
Après cette étape, on passe les portes qui donnent dans le hall de l’aéroport.
Précision, quand je dis "on", c'est Manu, Patrick et moi.

Nous voilà en France. Manu a une amie qui est venue le chercher, Patrick fly encore en solo jusqu’à chez lui et moi, ma môman, ma sœur, mon beau-frère et mon neveu sont là :)
Direction le parking, on charge les bagages, on va acheter du pain et direction la maison de ma sœur pour faire un quoi ? Barbecue :p

Bon, je passe les détails pour en arriver au sujet qui nous intéresse. Du moment où j'ai posé le pied sur le sol français, je me suis senti mal, et ce n'est pas le décalage horaire...
Bien sûr que j’étais plus que content de retrouver la famille, bien sûr que j’étais plus que content que le premier appel que j'ai reçu sur le territoire était celui d'un ami pour me souhaiter mon anniversaire, mais j'avais une drôle de sensation.
Tout le long du trajet du retour, entre chez ma sœur et chez ma mère, j’étais malade, envie de vomir en voyant ce qu’était devenu la ville où j'ai passé plus de 20 ans... Et ça a duré quelques jours.

Le premier soir, dans mon propre lit, j'ai eu une crise de panique en me demandant ceci: "qu'est-ce que je fous ici, faut que je reparte chez moi". C'est violent et ça peut ne pas faire plaisir à ceux qui nous attendaient, je suis désolé, si si. :(

Le niveau d’incivilité a explosé mon compteur (à Québec, j'ai du entendre klaxonner tout au plus une dizaine de fois, pas de double file, pas de mecs qui crachent par terre, pas d'ordures partout dans la rue (exception faite des individus eux-mêmes :p )).
Je me suis promené à pied en ville, pris le métro, le bus, à chaque fois, ce sentiment d’insécurité me pressait. J'avais perdu l'habitude...

Dans le hall d’entrée de mon immeuble, y'a des mecs qui n'habitent pas le quartier qui squattent, fument de l'herbe, et quand tu passes, tu te fais dévisager comme si t'allais passer un sale quart d'heure.
D'ailleurs ce sont les mêmes gars qui ont foutu le feu à l’ascenseur, sur les paillassons et dans les locaux électriques il y a 3 ans... Ouais, je suis bien rentré !
Idem dans la rue, on te dévisage méchamment, parce que tu es blanc, tu as le crane presque rasé et que tu portes un blouson en cuir noir et que tu oses passer dans un quartier où apparemment tu n'as pas ta place. 

Non je n’exagère pas ! C'est mon ressenti, alors ceux du fond qui commencent à pointer du doigt en hurlant "Ennemi de la République !!" fuck off...



Anyway, j'ai retrouvé ma famille, mes amis, ça fait du bien de voir qu'on a manqué quand même mais. MAIS !

Le contrecoup du retour est ultra violent donc, comme je le décris un peu par mes sentiments au-dessus.
Rien ne nous y prépare et on n'y pense pas quand on part. On ne pense pas au retour.
D'aucun parle du syndrome de Stendhal inversé, voire du syndrome de Paris et d'autres d'une sorte de syndrome post-Erasmus.

[Minute culturelle]
Petite explication sommaire de ces syndromes:
- syndrome de Stendhal: le gars du même nom, arrivé à Florence, Italie, a été subjugué par l'orgie d’œuvres d'art et la prise de conscience que c’était le berceau de bon nombres de grands homme de la période des Lumières et de la Renaissance. Il en a eu le souffle coupé.
- syndrome de Paris: touche surtout les japonais qui idéalisent trop la capitale française et qui se retrouvent complètement dépassés par le comportement des français qui ont tendance a toujours râler ou rapporter leur science (alors qu'au pays du soleil levant, ça ne se fait pas, tout simplement) et le niveau de saleté de la ville lumière (ça fait mal quand même...). Du coup, certains d'entre eux pètent un plomb et sont rapatriés. C'est moche.
- syndrome post-Erasmus: pour le programme d’échange européen, Erasmus, qui permet aux étudiants de partir dans d'autres pays de l'Union pendant un an (ou plus ?), qui sont libres, qui prennent conscience de la vie en solo, sans les parents à les couver derrière, responsabilisation (ou pas), liberté d'action puis retour au bercail, avec les habitudes de ceux qui sont restés, les parents qui couvent encore plus jusqu’à la limite de l'étouffement. Grosse claque dans les dents.
[Fin de la minute culturelle]

My point is: je suis parti dans le pays qui me fait rêver depuis que j'ai 15 ans, sûrement que j’idéalise un peu beaucoup, j'ai pu y aller pendant 8 mois.
J'ai quitté un pays, la France, qui me dégoutte de plus en plus et qui, personnellement, n'a plus rien à m'apporter ou qui va tout me prendre une fois le diplôme en poche jusqu’à ce que je crève.
L'internationalisation que j'ai vécu m'a ouvert les yeux sur de nouvelles perspectives, et pour reprendre les mots de mon directeur pédagogique avant mon départ "on s'en fout de la destination, c'est juste pour montrer que vous avez eu les couilles de partir".
Je suis parti 8 mois, en pays inconnu, la barrière de la langue en moins, mais dans une autre culture, un autre continent, sans la famille. Ça fait du bien pour apprendre qui nous sommes vraiment aussi :p
Et je m'y suis plutôt bien intégré, j'y ai rencontré plein de gens, ma blonde aussi :)

Bref, pour conclure tout ça, quand vous partez aussi loin et aussi longtemps (et encore, c'est très court je trouve, c'est passé super vite), faites attention à votre retour, j'ai encore du mal à retrouver ma place...

Merci.



PS: Hey les cousins ! Si vous arrivez à obtenir que le Québec devienne une République, ne faites pas comme nous, on a bousillé ce qui fait l'essence même d'une Res Publica.